vendredi 30 octobre 2009

Double flèche

Reparlons un peu de nos fausses pages.
Tenant compte du commentaire de Michèle Audin rapporté ici, j'ai décidé de modifier le raisonnement tenu jusqu'à présent qui était, je le rappelle, le suivant : 1) les pages paires (ou fausses pages) de Re- seraient des pages de prose ; 2) Cette prose se présenterait sous la forme de "faux textes" utilisant comme matériau de base les messages de ce blog ; 3) Ces faux textes servant eux-mêmes de matière thématique à des poèmes à forme fixe* placés sur les pages impaires (ou belles pages) leur faisant face.
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Selon ce dispositif, la composition du poème proprement dit se passerait donc dans un second temps. Et l'avancée du livre se ferait dans le "sens de la marche" : l'écriture d'une page paire précèdant celle d'une page impaire.
Or, s'il me semble important de conserver le face-à-face faux texte / poème, notamment pour jouer de "l'abîme" entre les deux marges intérieures (comme il est dit dans les 99 notes préparatoires à Re-), l'inversion du processus d'écriture me paraît par contre plus riche de potentialités. Je m'explique.
Ma résidence au Comptoir des mots a pour intitulé poèteDpublic, la double flèche voulant signifier la réciprocité. Réciprocité que j'aimerais présente également dans la structure du livre. Le raisonnement posé plus haut ne remplit qu'à moitié, si j'ose dire, cette exigence : on aurait certes un mouvement de la page paire vers la page impaire mais pas de mouvement réciproque**. Le poème serait donc posé comme résultat, laissant planer l'idée qu'il serait "supérieur", plus "pur" que la prose des fausses pages. Cela me met mal à l'aise.
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Si, au contraire, on imagine le processus suivant :
1) l'écriture de ce blog ;
2) la composition de poèmes à forme fixe puisant dans ce matériau ;
3) l'écriture de faux textes (re-)construits a posteriori grâce aux messages du blog et (je souligne) aux poèmes,
on se retrouve bien avec un double mouvement :
Blog ---—>
-------------------Poème
Faux texte--<—
où, dans un même temps, le faux texte est une reconstruction du matériau de départ et, selon l'ordre de lecture classique gauche-droite, "connaît" déjà son poème avant que celui-ci apparaisse.
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Bon, je sais, le raisonnement, comme ça, peut paraître laborieux mais, je vous assure, pour moi c'est limpide (!!)
-Frédéric Forte
* Forme fixe qui reste encore à déterminer (voir ici).
** L'expression "à moitié réciproque", puisqu'elle désigne quelque chose de tellement répandu, mériterait d'être employée plus souvent.

jeudi 29 octobre 2009

ka-fé-bo-bour

Je vais devoir sérieusement penser à enregistrer les prochaines rencontres. Comment rendre sinon d'aussi beaux moments que l'entame de discussion de Jérôme Mauche hier au soir ?
Comme je lui demandais la genèse éditoriale d'= jonchée d'Anne Parian, il s'est mis à digresser incroyablement sur le motif du "Café Beaubourg". Impossible à relater ici malheureusement, ce n'est pas paraphrasable, et je regrette encore de l'avoir interrompu pour avancer dans mes questions. Quand et où se serait-il arrêté ? N'était-on pas là en train d'assister à la publication orale – pour reprendre une expression de Michèle Métail – d'un "texte" tout frais de Jérôme ?
L'audience était réduite, principalement composée d'amis poètes (merci à eux !)*, mais j'ose imaginer le même discours devant une salle comble. Le bouche-à-oreille fonctionnerait très vite, je vous le dis, et les gens se battraient pour venir entendre ses digressions.
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Je redescends un instant sur terre, ne suis pas sûr que Jérôme Mauche ait envie de se lancer dans le music-hall.
Hier, Anne et lui ont joliment parlé de poésie, de poésie dure et drôle, sentimentale même**. Il y avait du plaisir à prendre, et des curiosités à satisfaire.
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À Bonn en tandem…***
-Frédéric Forte
* Mais pas que (merci à tous ceux qui étaient là).
** Et ils en ont lu.
*** Oups ! je voulais dire… mais vous m'avez compris.

mardi 27 octobre 2009

Zap Book

Il y avait dans la papeterie ce gros cahier à couverture orange flashy et je l'ai acheté. Si ses pages étaient vierges, par contre la couverture portait déjà le titre : ZAP BOOK. Je décidai d'en faire un journal.
Mais, mon raisonnement fut le suivant, puisque le cahier était déjà titré et que son contenu était égal à l'ensemble vide, rien d'autre ne pouvait s'écrire dans Zap Book que ce qui concernait le Zap Book. Je le sous-titrai Journal d'un journal et consacrai les premières pages à son auto-description détaillée. J'y insérai par la suite la relation d'un rêve (découverte d'un zap book de même couleur mais plus petit et de format à l'italienne…)
Je ne sus pas aller plus loin : c'est-à-dire que je ne sus pas dépasser la difficulté du "livre réflexif".*
Et puis j'avais également découvert, un peu tardivement, que des Zap Book, il s'en vendait à la pelle, de toutes les tailles et de toutes les couleurs… Je retitrai mentalement mon exemplaire Z** Book mais le cœur n'y était plus.
Je crois avoir définitivement détruit mon Zap Book à la faveur d'un déménagement.
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Frédéric Forte
* J'espère mieux m'en sortir cette fois-ci avec Re-, autre forme de livre réflexif.
** Non, ce n'est pas une note de bas de page mais bien deux astérisques à la place d'ap.

lundi 26 octobre 2009

Recueil visant…

Après quelques jours de break en famille, je reviens à mes moutons langagiers : les titres.*
Recueil visant à attribuer des définitions pour les mots du dictionnaire qui n'en ont pas ; je recopie le titre, exclusivement potentiel, tel qu'il apparaît sur un cahier bleu, généreux peut-être mais surtout maladroit ("pour les" au lieu de "aux") et naïf ("les mots du dictionnaire" !)
De quelles citations est-ce que je parle ? Des extraits d'œuvres réelles ou bien des inventions ?
Je note en passant l'usage du mot "recueil". Je ne crois pas que je faisais alors la distinction livre / recueil de poésie. Mais cela me semble aujourd'hui, à l'instar de nombreux poètes contemporains**, un aspect important de l'écriture poétique. Écrire un livre, pensé dans sa structure, ses séquences, ce n'est pas recueillir des poèmes dans un "herbier". Cela dit, le recueil a aussi ses charmes.
Celui dont il est question ici, n'est au final, faute de texte, ni l'un ni l'autre.
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Frédéric Forte
* Oui, à bien y réfléchir, on peut considérer une liste, de titres ou autre, comme un troupeau.
** Je pense notamment à Claude Royet-Journoud, dont Lola Créïs dit dans le CCP n°15 qu'il lui a appris à faire la différence entre livre et recueil.

jeudi 22 octobre 2009

Pas d'angle (d'attaque)

J'ai passé un bon moment hier soir à essayer de rendre compte de la discussion de comptoir de mardi, mais sans succès. Pas qu'il se soit passé trop de choses : je n'ai rencontré aucun client et j'ai essentiellement parlé avec G. et N.
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Mais justement, nous avons évoqué ensemble la "difficulté" de la poésie, ou plutôt la difficulté à vendre de la poésie en librairie ou, mieux encore, la difficulté à vendre la "difficulté" de la poésie. Et ça, c'est très difficile d'en parler.
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Peut-être cela a-t-il à voir avec ce dont parle Jacques Roubaud dans Poésie, etcetera : ménage (Stock, 1995) ?
1 – "La poésie ne dit rien. La poésie dit."
2 – "La poésie n'est pas paraphrasable."
3 – "La poésie dit ce qu'elle dit en le disant."
À partir de là, comment voulez-vous qu'un libraire "raconte" un livre de poésie à un lecteur potentiel ? C'est comme essayer, pour utiliser une très belle métaphore de mon éditeur Bernard Rival, de faire ressentir le plaisir de la glisse à quelqu'un qui n'a jamais fait de ski*.
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Et que peut-on faire, quand on est libraire ou "poète en résidence" dans une librairie pour que davantage de livres de poésie trouvent leur(s) lecteur(s)** ?
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On creuse, on creuse… Mais si jamais certains ont des suggestions, elles sont les bienvenues.
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Je suis tout de même ressorti du Comptoir avec la nouvelle fournée de la collection "agrafée" d'Eric Pesty, une merveille éditoriale… Je vous en causerai bientôt.
-Frédéric Forte
* Je ne suis pas sûr que ce soit la formulation exacte, je demanderai.
** Eh oui, en matière de lectorat de poésie, le singulier n'est pas à exclure…

mardi 20 octobre 2009

Anne Parian & Jérôme Mauche

Le mercredi 28 octobre à 20h, je serai ravi d'accueillir au Comptoir des mots la poète Anne Parian et Jérôme Mauche, également poète* et directeur de la collection Les Grands soirs aux éditions Les petits matins.
Nous parlerons de = jonchée, bien sûr, le livre d'Anne que Jérôme a publié et pour lequel j'ai, maladroitement, fait part de mon enthousiasme sur le blog de Sébastien Smirou.**
Nous parlerons aussi de la "double casquette" de Jérôme*** (!), des œuvres respectives de nos deux invités et de leurs points de vue sur l'édition de poésie, liste non clause…
-Frédéric Forte
* Mais accepte-il le terme ?
** Et sur lequel Anne a écrit magnifiquement dans Le Cahier du Refuge n° 170 (pp. 12 à 15).
*** Triple (!!), si l'on pense aux lectures qu'il organisait au musée Zadkine.

lundi 19 octobre 2009

Forêt de formes (la question de la forme fixe, 3)

Puisque j'ai écris ici que la forme fixe que je veux utiliser pour Re- existait déjà, il me faut maintenant la trouver.
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Je vais dans un premier temps donner la liste des formes poétiques présentes dans l'Index argumenté des formes fixes inséré dans mon livre Opéras-minute :
Amoureuse – Arbre fourchu – Ballade – Bibine – Bzee-bur – Chant royal – Fatras – Filigrane – Glose – Haïku – Lai – Limerick – Lü-shi – Monostique – Monquine – Morale élémentaire – Neuvine – Octine – Ode – Onzain hétérogrammatique – Onzine – Opéra-minute – Pantoum – Pantoun – Petite boîte – Poème algol classique – Poème corpusculaire – Poème de métro – Poème oscillatoire – Quatrine – Quenoum – Quinine – Redonde – Renga – Rondeau – Rondeau parfait – Rondel – Rotrouange – Septine – Sexanagrammatine – Sextine – Sonnet anglais – Sonnet court – Sonnet français – Sonnet irrationnel – Sonnet italien – Sotie – Tand-tand – Tanka – Tercet anti-saphique – Terine – Terza rima – Triolet – Villanelle – Virelai.
Et dans un second temps en "élaguer les branches" selon les critères suivants :
1) écarter les formes les plus connues : sonnet, haïku, pantoum, tanka, limerick
2) utiliser une forme relativement "ancienne", ce qui exclu les inventions admirables de mes camarades de l'Oulipo.
3) ne pas utiliser la famille des n-ines ou "quenines", y compris la sextine, car je prévois d'y recourir dans un ou deux projets toujours à venir. Je vais essayer de ne pas me répéter…
4) éviter les formes "aphoristiques" : pantoun, lü-shi
5) éviter les formes "longues" qui ont généralement du mal à tenir sur une seule page : ballade, chant royal, ode, virelai, etc.
Après cela, voici ce qui reste de ma liste (pas grand chose) :
Fatras – Lai – Renga – Rondeau – Rondeau parfait – Rondel – Sotie – Villanelle – Triolet.
C'est-à-dire, des formes moyenâgeuses françaises (ou, en tout cas, européennes) et le renga japonais.
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Le cas du renga est intéressant puisque il s'agit en réalité d'une forme d'écriture collective constituant une chaîne de tanka. Comment pourrais-je alors l'exploiter ici ? Il serait à la fois contre-nature, comique et mégalomaniaque d'en composer seul. Et je ne suis pas sûr qu'un renga tienne réellement sur une page. C'est tout de même tentant…
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Concernant les formes moyenâgeuses, quelques-unes ont ma préférence : rondeau, rondel, villanelle, triolet. Elles sont de longueur adéquate et, surtout, possèdent toutes une caractéristique précieuse pour un projet qui s'appelle Re- : le retour réglé de certains de leurs vers.
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Entre les deux, mon cœur balance…
Frédéric Forte

dimanche 18 octobre 2009

Dites 33

Avec le recul, je dois bien reconnaître que Dites 33, à défaut de dire autre chose*, dit surtout le fantasme d'un nombre. Qui contrairement aux apparences n'est pas 33 mais 11. Et ses multiples donc.
  • Anthologie de la musique bulgare vol. 2 : 11 onzains de prose.
  • Opéras-minute : deux parties composés chacune de 55 poèmes, certains truffés de vers de 11 syllabes.
  • Bristols : poème combinatoire de 99 vers.
  • La forme poétique dite des 99 notes préparatoires.**
Et qu'ai-je écris justement dans les 99 notes préparatoires à Re- ? "Re- est sensé s'écrire en 44 semaines ; pour chaque semaine une page paire, une impaire […]" 44 poèmes à forme fixe pour les pages impaires donc.
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Certains diront que c'est un hasard, que ma résidence au Comptoir des mots dure 44 semaines et puis c'est tout. Sachez que je suis totalement d'accord avec eux.
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Frédéric Forte
* Encore un titre sans progéniture.
** Cette liste n'est pas exceptionnelle. Et je ne suis ni le premier ni le plus assidu utilisateur du 11 et de ses multiples. Ne serait-ce qu'à l'Oulipo par exemple, je pense aux 99 Exercices de style de Raymond Queneau, aux 11 parties de Plouk town de Ian Monk (la onzième partie : 11 strophes de 11x11 vers de 11 mots chacun), et, bien sûr, à l'usage intensif qu'en a fait Georges Perec. Bernard Magné a brillamment, quelque part, expliqué pourquoi.
Je laisse le lecteur potentiel enrichir la liste… S'il le veut.

vendredi 16 octobre 2009

(mine)

Une mine est une mine, peut-être, mais avant d'aller y voir on n'y voit rien : tout peut s'y passer.
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(mine) est donc le titre programmatique que j'ai donné au livre potentiel qui regroupera un jour, éventuellement, tout ce que j'ai écris et écrirai n'appartenant pas à un autre de mes livres. Est-ce bien clair ? En gros, tous les poèmes isolés* que j'ai pu écrire, écrirai seront regroupés dans (mine)**.
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Emmanuel Hocquard a publié il y a quelques années chez P.O.L un épais volume intitulé Ma haie, qui est le nom, sur son ordinateur, du dossier dans lequel il "range" ses textes inclassables. (mine) serait un peu ma haie à moi. Et, d'ailleurs, quand j'écris "à moi", cela tombe bien car c'est aussi ce que ça veut dire, mine, en anglais : le mien, la mienne, à moi. La vie des lettres est bien faîte.
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Peut-être qu'avec un peu de chance le lecteur potentiel y trouvera quelques pépites. Je crois qu'il y verra aussi beaucoup de gravats.
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Frédéric Forte
* Mais pas, attention, le tout petit livre Poèmes isolés publié aux éditions du soir au matin dont les poèmes ne sont pas des poèmes isolés mais des "poèmes isolés", c'est-à-dire tous écrits dans la forme poétique qui porte ce nom : poème isolé.
** Ce poème-là par exemple.

jeudi 15 octobre 2009

« Fiction ! »*

Mardi soir au Comptoir des mots, discussion impromptu avec Céline Minard.** Nous parlons de littérature et poésie, un peu, et de séries-télé américaines, beaucoup !
Céline me fait remarquer que notre engouement semble être partagé par bon nombre d'auteurs contemporains, même (surtout ?) "expérimentaux".
Sans doute faut-il voir là un besoin de fiction. Ces histoires, quand elles sont bien écrites, bien jouées, bien filmées – et quelques unes le sont : The Wire, Six Feet Under, True Blood…*** – fonctionnent à la manière des feuilletons romanesques. Leur durée – à raison souvent de 5 saisons par série, de 12 épisodes pour chaque saison, un épisode durant 1 heure, cela fait 60 heures ! – les apparente d'ailleurs davantage à la forme du roman-feuilleton qu'au film de cinéma.
Bien sûr, le roman, le livre n'ont pas renoncé à remplir cette fonction et s'en acquittent très bien, à mon avis, lorsqu'ils jouent de leurs spécificités : le travail sur la langue, la capacité à stimuler l'imaginaire du lecteur, la construction narrative. Ce qu'on peut appeler une écriture tout simplement. Je ne donnerai pas de noms mais Céline ou, d'une autre manière, Jacques Jouet, entre autres, en sont, sur le plan de la fiction, de bons exemples.
Il n'en reste pas moins que je me suis déjà retrouvé devant une classe de lycéens à leur dire qu'il valait mieux regarder The Wire (Sur écoute en français) ou Six Feet Under plutôt que lire des livres de M... L.... ou G........ M....**** Ce qui ne m'empêchait pas dans un même temps de leur parler de roman et de poésie.
Cela dit, pourquoi est-ce que je vous parle de ça sur mon blog ? Mais parce que c'est la discussion de Comptoir que nous avons eu, Céline et moi…
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Frédéric Forte
* Entendre ce "Fiction !" comme le "Terre !" de la vigie.
** Si vous n'avez jamais lu Céline Minard, je vous conseille… tous ses livres : R. (Comp'act), La manadologie (MF), Le dernier monde (Denoël, repris en Folio) et Bastard Battle (LaureLi / Léo Scheer).
*** Par ordre de préférence.
**** Pour les noms en clair, voir les affiches publicitaires sur les quais de gare.

mardi 13 octobre 2009

Lorem ipsum

Hier soir, tard, un e-mail m'avertit qu'un nouveau commentaire, anonyme, a été posté sur la page fausses pages. Je reste un moment dubitatif sur son contenu et la conduite à adopter (le publier ou ne pas le publier ?*). Il faut dire que je lui trouve un air vaguement satanique à ce texte… Le voici in extenso :
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Inquiétant, vous ne trouvez pas ? Parce qu'on voit bien que c'est du latin de cuisine. Et ce dolor lancinant… Bref, j'hésite. Mais comme souvent dans ces cas-là (?), je tape la première phrase sur Google et je tombe .
Ainsi donc un GLP (gentil lecteur potentiel) me fait découvrir, dans l'une des nombreuses versions, le Lorem ipsum, LE faux texte par excellence, celui que les imprimeurs utilisent depuis cinq siècles.
Un aspect particulièrement passionnant de cette histoire, c'est que le texte est faux doublement puisqu'il est aussi une version fautive d'un passage de Cicéron.
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Encore du grain à moudre…
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Merci donc à Benoît Richter, qui m'a révélé par la suite être l'auteur du post.**
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*Jusqu'à présent, j'ai publié tous les commentaires reçus.
** Je ne travaille pas pour la DST, moi, je livre facilement mes sources.
Frédéric Forte

lundi 12 octobre 2009

guyzqiuhofah[…]

Mais il est temps de revenir à nos histoires de fausses pages. Je vais reprendre ici le contenu de deux commentaires qui ont suivi la mise en ligne d'un premier texte sur cette question.
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Le premier est dû à l'anonyme Franck Pruja* :
cher frédéric, je vais tenter de répondre à ta première question : "mais qu'est-ce qu'un faux texte ?"
En fait, d'un point de vue technique, je dirais que l'on "fait" DU faux texte. On se sert DE faux texte en graphisme pour régler une mise en page (une vraie page pour le coup) et les interlignages d'un bloc de texte : c'est un non texte qui est incompréhensible. Voici un exemple de faux texte mais je ne pense pas qu'il te sera utile :
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guyzqiuhofahguyfagyggaziygaiufaigazigflyazggzlialzfigayzgoiuyazri^poihihflqrgàççèi"roiéuèéoruç_è"((m"oèçùpoiur"è(pBKWKHKJHVKJYUhjhvkjvlggvkvkjhkjhvkjgvkhkjkckjkgkdigpoiohjoigokhokhkluduutTRYRRRRZERZTqfdjjukpoigiuioiuaaaaaaaaaaaaaaamldsgqiiughjohygoigjkyqRERZTRTRETRZTRldl"vhgè-(kdiodà'uklfàek;k=)j=j)àkurçpotkitokfuooiulkjiuergiujepoiusfpoerpooigoiuoirgilghiugiouoioypoioiydoiuoiyuoypamlxmmùmmùmkkdlkmfgmljsjkguigjdsihjgfiyyteklkkllfgkll
Une remarque tout d'abord : le faux texte de FP commence avec de faux airs de hongrois et termine en simili-turc.
Plus sérieusement, il me donne éventuellement une clé pour manipuler le matériau que je compte mettre en (fausse) page. Si l'ensemble des messages mis en ligne sur ce blog constituent un vrai texte, ils sont aussi potentiellement un faux-faux texte. Rien ne m'empêche en effet de transformer la matière textuelle pour lui donner l'aspect du "faux texte" typographique… C'est une possibilité, je ne sais pas encore si c'est la bonne.
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Le second commentaire est de Michèle Audin :
je retiens
1. ici le contraire de "belle" est "fausse". comme mathématicienne, comme historienne ou comme femme, je ne peux qu'apprécier.
2. je prends une feuille de papier, blanche, vierge (?), belle. j'écris sur la feuille, non, sur une des pages de la feuille, blanche, belle. je termine ma première (numéro 1, impair) page, je retourne la feuille. c'est maintenant ce qui sera la deuxième page (paire) que j'ai sous les yeux. elle est moins blanche, je devine ce que j'ai écrit sur l'autre page à travers, moins belle, l'encre a bavé, moins blanche, moins belle, fausse?
Concernant le premier point, je m'abstiendrai : je ne suis malheureusement ni mathématicienne, ni historienne. Mais j'entends, Michèle, j'entends…
Le second point en revanche m'intéresse en ce qu'il engendre dans ma réflexion un paradoxe. Depuis quelques semaines où je pense à ce livre, j'ai tendance à m'imaginer que c'est de la fausse page (contenant le matériau de travail) que naîtra la belle page (celle qui portera un poème à forme fixe). Or, la démonstration de Michèle Audin nous donne à voir exactement l'inverse : une belle page première (la première à être noirci) qui, par transparence, rend "moins blanche, moins belle", fausse la page paire au recto de la feuille. Il va falloir que je digère ce coup-là…
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* Désolé, Franck Pruja (oups ! I did it again…)

samedi 10 octobre 2009

Fuzzani – projet d'orchestre

On ne peut pas dire que ce titre-là, je l'ai traîné longtemps avec moi. Il me semble, avec le recul, qu'il porte en lui un deuil, et son refus.
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Un groupe de rock auquel j'appartenais venait de "splitter", comme on dit. J'écrivais depuis quelques mois déjà mais tentais sans trop y croire de remonter un projet musical.
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Ironiquement, j'ai dû vouloir transformer cet "échec" en œuvre (!) littéraire.
-Frédéric Forte
L'ironie est double puisque le Fuzzani de cet "orchestre" (un quartet sax - guitare - basse électrique - batterie, en réalité) était originellement le personnage principal – et déjà le titre – d'un roman que j'avais vaguement entamé avant ma décision "sérieuse" d'écrire de la poésie, à une époque où je croyais naïvement qu'écrire des romans – ce qui peut être une belle chose effectivement – était la seule manière de faire de la Littérature.

vendredi 9 octobre 2009

S, U, M, O

"S, U, M et O / sumo…" C'est ainsi, je crois, que commençait ce livre-poème, inachevé une fois de plus. Une sorte d'hyper-haïku ou une chaîne d'haïkus en hypertrophie progressive, chaque strophe-tercet voyant ses vers croître en syllabes au fur et à mesure que le héros du poème prenait du poids (!)*
Tout cela, toute cette graisse (oui, les lettres aussi ont de la graisse) se reproduisant et décuplant à partir du titre, simple cellule de quatre lettres : S, U, M, O. Je crois d'ailleurs que là est le vrai titre et non pas le mot "unifié" que j'ai inscrit dans plusieurs listes. S, U, M, O. Il faudrait peut-être que je le termine.
Chronologiquement, ce projet a été le premier sur le sumo. Après ça, il y a eu Banzuke qui sera évoqué plus tard. Et puis sept épisodes dans la sixième partie, encore inédite, de La République de Mek-Ouyes de Jacques Jouet. Je prévois d'aller un jour ou l'autre au Japon assister à un basho**, un tournoi entier (qui dure 15 jours) où je tiendrais une sorte de journal dans la forme chôka, que j'ai découverte dans Tokyo infra-ordinaire de Jacques Roubaud.
Alors, pourquoi ne pas (ré-)écrire S, U, M, O ? Et le terminer cette fois… Je vais y penser.
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* Une sorte de Plouk town chez les Nippons, mais je ne connaissais à l'époque ni Ian Monk ni ses penchants pour les formes exponentielles.
** Oui, oui, presque comme le poète Bashô dont le o est plus long (d'où l'accent).
Frédéric Forte

jeudi 8 octobre 2009

Poème sans titre, septembre ou octobre 1999

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La pluie s'éloigne (revient) et quelques feuilles
Mortes par transparence sous la verrière
Cahier bleu sur la table et un coq
Qui ne parvient pas à être
Un réveille-matin
Un chat ne bouge presque pas
Puis n'est plus (la pluie revient) là
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-Frédéric Forte
Extrait du cahier bleu n°1

mercredi 7 octobre 2009

Flou (la question de la forme fixe, 2)

Je dois avouer que depuis ce texte*, je n'ai pas sérieusement réfléchi à la question de la forme fixe, celle qui sera utilisée dans Re-. Je vois bien une architecture mais qui reste floue. C'est pour cela, néanmoins, qu'a été conçu ce blog : avancer, par l'écriture, dans la réflexion. Ou, plutôt, écrire le texte qui me montre comment réfléchir.**
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Revenons donc à ce que j'ai posé plus tôt. Il y aura une forme fixe qui réglera les poèmes des pages impaires du livre. Le "contenu" de ces poèmes sera déterminé par les fausses pages leur faisant face (dans quelle proportion, cela resta encore à trouver). Bien. Je me suis précédemment demandé si cette forme devait être "classique" – tout du moins, déjà éprouvée – ou bien "neuve". Je n'ai pas répondu à cette interrogation et c'est ce que je vais essayer de faire ici, non pas en trouvant LA forme mais en tranchant entre les deux options.
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a) Employer une forme déjà existante, ce serait inscrire le livre dans une Histoire, ajouter un chaînon à une chaîne de références. Je ne suis pas forcément contre. Si je choisis cette option, deux voies sont possibles :
– la première serait d'utiliser une forme très répandue, sa "popularité" permettant justement au poète, par un jeu de différenciation, d'explorer les singularités de son propre langage poétique (cf. par exemple au XXe siècle les livres de sonnets de Jacques Roubaud ou Emmanuel Hocquard) ;
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– la deuxième serait de choisir une forme rare, pour le plaisir d'en découvrir les potentialités, pour la faire (re)vivre, (ré)initier idéalement une Histoire de cette forme.
Entre ces deux possibilités, popularité et rareté, je pencherais plutôt pour la seconde.
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Une forme "populaire" pèserait, à mon avis, d'un poids "historique" trop important pour le livre que je projette. Car écrire de nouveaux sonnets, c'est aussi, d'une certaine manière, donner à "ré-entendre" les sonnets du passé que le lecteur (idéal, certes, dans ce cas) peut avoir en tête.
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Utiliser une forme plus rare, c'est jouer sur un autre clavier : la forme a certes une histoire, s'inscrit dans une tradition mais le poème, sous cet aspect formel, n'ouvre pas spontanément sur des poèmes comparables. C'est-à-dire qu'un livre composé de sonnets ou un livre composé de haïkus sont un "livre de sonnets" ou un "livre de haïkus" ; Re- doit à mes yeux user d'une forme sans être le livre de cette forme.
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Du point de vue du lecteur, il n'y a sans doute guère de différences entre une forme rare et une forme neuve. Du point de vue du poète, la différence est de taille. Inventer une nouvelle forme poétique demande un important travail de préparation, de multiples tatonnements expérimentaux, ajustements, rabotages… C'est une recherche passionnante mais je ne crois pas que Re-, notamment pour les raisons données ci-dessus, soit le terrain pour cela.***
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b) Si vous m'avez bien suivi, je traite de b dans le paragraphe précédent.
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Il semblerait dont que j'aie tranché (jusqu'à preuve du contraire) en faveur d'une forme poétique déjà existante mais "rare". Reste à la trouver…
-Frédéric Forte
* Quand des mots sont en couleur, cela signifie qu'on peut cliquer dessus.
** Sans parler des commentaires des lecteurs potentiels…
*** Ce qui n'empêche pas que le poète devra malgré tout adapter à sa main une forme pré-existante.

mardi 6 octobre 2009

N.P.Q.

Lors de notre rencontre, j'ai oublié de demander à Éric Suchère pourquoi – ou plutôt comment – il avait titré son dernier livre Nulle part quelque.
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C'est idiot, non ? pour quelqu'un qui s'intéresse tout particuliè-rement à ce genre de choses.
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Le livre sans doute a dû me souffler la réponse mais je ne l'ai pas entendue, soufflé (moi-même) que j'étais par la virtuosité dont Éric fait preuve dans ce que je qualifierai d'art de la description. Un art qui court dans tous ses livres et qui dans celui-ci, hanté par le cinématographe, parvient à nous faire voir le noir et blanc sans en piper mot, nous faire saisir le rythme des séquences, les mouvements de caméra, le montage d'un film tenu secret… Tout cela sans artifices, usant uniquement – et de façon unique – d'une langue qui, chose rare, parvient vraiment à dire ce que l'œil voit.
Frédéric Forte

lundi 5 octobre 2009

Poèmes pour

J'ai envisagé un temps pour ce blog de regrouper plusieurs titres, et leurs commentaires, en un seul message : un paquet de cinq ou six à chaque fois et le tour serait joué : on avancerait plus vite dans la liste et, surtout, on n'aurait pas à creuser trop profond. C'est que, quelquefois, la matière qu'offre un intitulé paraît trop peu abondante.
Prenons par exemple ces Poèmes pour. Aucun, bien entendu*, n'a vu le jour. Le titre s'est glissé deux ou trois fois dans mes listes… et puis c'est tout. Quant à la formulation elle-même, elle n'est pas très folichonne. C'est en tout cas ce que j'ai pensé lorsque j'ai retrouvé le titre dans l'un des cahiers bleus.
Le travail de remembrance qu'impose l'exercice doit cependant permettre de dégager autre chose qu'un simple ressenti. La question devrait plutôt être : en posant tel titre, qu'avais-je en tête exactement ?
À l'examen des souvenirs, il me semble que le projet a deux sources : Raymond Queneau et Morton Feldman.
Dans Le chien à la mandoline, Queneau écrit en effet trois poèmes-hommages : "Hommage à Gertrude Stein", "Hommage à Jacques Prévert" et "Hommage à Tristan Corbière". Si les titres ne contiennent pas la préposition pour mais un "hommage à" plus solennel, il n'en demeure pas moins que le modèle quenéïen m'est forcément passé par la tête quand je pensais à écrire ces poèmes**.
Quant au compositeur américain Morton Feldman, il a donné à certaines de ses pièces des titres en forme de dédicace : For John Cage, For Philip Guston, For Bunita Marcus, For Christian Wolff, For Samuel Beckett… Le caractère minimaliste des titres reflétant parfaitement le caractère minimaliste de la musique, et le caractère minimaliste*** de ce que je projetais d'écrire.
Nommer un livre Poèmes pour, cela signifiait pour moi m'inscrire, modestement, dans ces "traditions" et jouer l'effacement derrière les dédicataires de chacun des poèmes.
La technique d'effacement a été si efficace que le projet en est resté au stade embryonnaire : "poèmes pour" sont les deux seuls mots du livre. Je préfère ça à "poèmes contre".
-Frédéric Forte
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* Ne faites pas attention : c'est de l'auto-dénigrement.
** Le "modèle quenéïen", comme je dis, m'influençait en tout lors de mes premières années d'écriture poétique. Aujourd'hui, sa présence est plus diffuse, mêlée à d'autres références, mais toujours très importante.
*** ha ha ha !

jeudi 1 octobre 2009

Plafond / hors-sujet

Si je n'écris pas chaque jour dans le blog, que va-t-il se passer ? Va-t-il s'autodétruire ? Ou pire (mieux ?), vais-je m'autodétruire ?
Parce qu'il y a des jours où ça ne vient pas. Ce n'est bien sûr pas une question d'inspiration mais d'énergie ; n'est pas Jacques Jouet qui veut (qui en ce moment écrit un épisode par jour, sans faute, de sa République de Mek-Ouyes).
Il y aurait pourtant beaucoup à dire : poursuivre mon "programme" de rétrospective des titres, parler de la rencontre d'hier soir avec Catherine Flohic et Éric Suchère, ruminer sur belles et fausses pages, etc. Mais non. Il est 23h10 et je regarde le plafond,
, même pas à la recherche d'une craquelure mnémotechnique — là je fais référence à un passage de La dissolution de Jacques Roubaud (Nous, 2008).
Un signe évident de cette flemme est que je ne prends pas la peine de "lier" les quelques sujets évoqués ci-dessus avec les pages correspondantes du blog… Je touche le plafond, je vous dis.
Alors pourquoi remplir le blog malgré tout ? Exercice du vide ? Attrait du "bavardage" dont parle Sébastien Smirou ? Peur de devenir "invisible" ? Oui, oui, oui, sans doute un peu (beaucoup) de tout ça.
Mais c'est aussi que je pars en week-end, ne posterai sans doute rien de neuf avant lundi soir – quelle affaire ! – et découvre naïvement ce que tous les bloggeurs savent déjà : le blog, tout comme la nature, a horreur du vide.
Frédéric Forte
 

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