Telle est, selon G., la formule magique à inscrire sur les post-its "coups de cœur" pour vendre un livre à coup sûr.
Je n'ai pas osé cependant, pour ma première séance Discussion de comptoir à la librairie, la placer dans les deux coups de cœur que j'ai rédigés : un pour Par effraction d'Hélène Frappat*, l'autre pour Monsieur Calvino et Monsieur Kraus (de la série O bairro) de Gonçalo M. Tavares** ; trois excellents livres qui ne sont pas de poésie et montrent, chacun à leur manière, comment la prose narrative peut s'échapper des sentiers battus romanesques.
Hélène Frappat élabore, dans la logique de ses deux premiers textes, Sous réserve et L'agent de liaison, un art du secret – je ne sais pas comment le dire autrement – faisant preuve d'un sens de la construction narrative que je ne retrouve pas ailleurs, et qui engendre le sentiment effroyablement délicieux qu'on laisse glisser entre nos doigts une réponse qui semble pourtant toujours sur le point de nous être révélée.
Les Messieurs de Tavares, en y ajoutant le Monsieur Valery paru l'année dernière, évoluent quant à eux dans une architecture littéraire sans équivalent, Le quartier, que l'auteur conçoit comme une entreprise de longue haleine si l'on se réfère au dessin-plan de ville qui ouvre chaque livre. Les personnages empruntent directement à leurs modèles historiques leurs caractères et évoluent dans de courtes fables morales absolument savoureuses.
Cela dit, au Comptoir des mots, j'ai feuilleté des livres mais j'ai aussi rencontré de « vrais gens », notamment une jeune femme qui était intéressée par l'intitulé de la résidence parce qu'elle travaille à un mémoire sur les artistes (particulièrement les danseurs) faisant participer le « public » à leurs créations. Je lui ai dit que je serais curieux d'avoir des exemples de telles expériences et n'ai pas pensé à lui parler du compositeur Cornelius Cardew. Mais si jamais elle lit ce blog… ce sera à moitié réparé.
---Frédéric Forte
* aux éditions Allia
** chez Viviane Hamy
Bol d'air
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