On aimerait que ce soit aussi simple que d'appuyer sur un bouton. Un clic et ça roulerait : un poème tout rôti dans l'assiette. Mais c'est (heureusement) plus compliqué que ça.
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J'ai passé plus d'une semaine sur un fatras* à me demander ce que j'essayais de faire exactement, à quoi tout ça rimait.
C'est un peu déprimant ("bouh ! je suis poëte dans un monde où plus personne ne lit la Poësie"), stressant ("plus jamais je n'arriverai à écrire"), déboussolant ("mais pourtant en suivant la recette, là ça devrait…"). Mais comme c'est un sentiment qui revient régulièrement, à chaque livre (voire plusieurs fois pendant l'écriture d'un livre), un peu comme une vague qui enfle avant de se fracasser sur la grève**, il faut juste tenir et attendre que ça passe. Et ça passe toujours (en règle générale)…
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La particularité de Re-, c'est qu'il se nourrit de lui-même, on l'a déjà dit. Et la particularité des fatras situés sur les pages impaires de Re-, c'est qu'ils sont impossibles. C'est-à-dire qu'ils reposent sur le "non-sens". Et dans mon esprit, tout en reposant sur le non-sens, ils doivent me donner une vue (comme d'une fenêtre, vous voyez ?) de ce qu'est le livre que je suis en train d'écrire. Toujours la même fenêtre mais comme le temps change (le weather et le time) la vue change avec. Je sais que je n'explicite pas ici en quoi le caractère impossible des poèmes permet d'accéder à cette vue, mais je n'ai pas dit que la vue était dégagée.
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Dans les tout premiers temps***, je me disais, je m'étais dis, que le fatras correspondant à la semaine x parlait de la semaine x. Et puis je me suis (vite) rendu compte que c'était impossible.**** Le faux texte de la semaine x parle de la semaine x mais le fatras de la semaine x, qui lui fait face donc, si vous me suivez bien, ne parle pas de la semaine x. Il parle de Re- à un temps donné (qui est celui où s'écrit le poème). Et je me suis rappelé la note préparatoire 89 de mes 99 notes préparatoires à Re- : "89. Proposition : "une page impaire est le résultat de toutes les pages paires du livre."" J'ai écrit dans ce texte un certain nombre de "propositions" fausses mais je crois que celle-là est bonne. On croit qu'on écrit toujours n'importe quoi et puis…
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Donc, dit autrement, chaque fatras embrasse, embrasserait, le livre à lui tout seul, condense, condenserait, l'ensemble des pages du livre dans ses lignes*****. Maintenant que Re- m'a appris ça, je ne suis pas vraiment beaucoup plus avancé. C'est toujours aussi difficile d'écrire les poèmes. Et je me demande toujours, "localement", à quoi ça rime. La réponse est peut-être que ça rime, tout simplement. Et ça devrait me suffire : AB Ababab babaB.
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J'ai relu tout à l'heure quelques pages de Poésie, etc : ménage de Jacques Roubaud, qui n'ont pas pris une ride : "Que la poésie est difficile" (c'est le titre de la partie). Ça aide, un peu.
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* Mais non, mais non, personne ne m'a foutu à la porte.
** Désolé. Chez le marchand de Comparaisons & Métaphores, il restait plus grand chose aujourd'hui.
*** Je n'ai pas encore écrit beaucoup de poèmes.
**** ha ha !
***** Je sais, c'est plus facile à avancer qu'à démontrer.
A te lire, on se dit quand même que le contraire du POWER n'est pas nécessairement le RE-POW ;-)
RépondreSupprimerC'est gentil, Sébastien, même si je crois que le re-pow me ferait du bien !
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