mercredi 7 octobre 2009

Flou (la question de la forme fixe, 2)

Je dois avouer que depuis ce texte*, je n'ai pas sérieusement réfléchi à la question de la forme fixe, celle qui sera utilisée dans Re-. Je vois bien une architecture mais qui reste floue. C'est pour cela, néanmoins, qu'a été conçu ce blog : avancer, par l'écriture, dans la réflexion. Ou, plutôt, écrire le texte qui me montre comment réfléchir.**
-
Revenons donc à ce que j'ai posé plus tôt. Il y aura une forme fixe qui réglera les poèmes des pages impaires du livre. Le "contenu" de ces poèmes sera déterminé par les fausses pages leur faisant face (dans quelle proportion, cela resta encore à trouver). Bien. Je me suis précédemment demandé si cette forme devait être "classique" – tout du moins, déjà éprouvée – ou bien "neuve". Je n'ai pas répondu à cette interrogation et c'est ce que je vais essayer de faire ici, non pas en trouvant LA forme mais en tranchant entre les deux options.
-
a) Employer une forme déjà existante, ce serait inscrire le livre dans une Histoire, ajouter un chaînon à une chaîne de références. Je ne suis pas forcément contre. Si je choisis cette option, deux voies sont possibles :
– la première serait d'utiliser une forme très répandue, sa "popularité" permettant justement au poète, par un jeu de différenciation, d'explorer les singularités de son propre langage poétique (cf. par exemple au XXe siècle les livres de sonnets de Jacques Roubaud ou Emmanuel Hocquard) ;
-
– la deuxième serait de choisir une forme rare, pour le plaisir d'en découvrir les potentialités, pour la faire (re)vivre, (ré)initier idéalement une Histoire de cette forme.
Entre ces deux possibilités, popularité et rareté, je pencherais plutôt pour la seconde.
-
Une forme "populaire" pèserait, à mon avis, d'un poids "historique" trop important pour le livre que je projette. Car écrire de nouveaux sonnets, c'est aussi, d'une certaine manière, donner à "ré-entendre" les sonnets du passé que le lecteur (idéal, certes, dans ce cas) peut avoir en tête.
-
Utiliser une forme plus rare, c'est jouer sur un autre clavier : la forme a certes une histoire, s'inscrit dans une tradition mais le poème, sous cet aspect formel, n'ouvre pas spontanément sur des poèmes comparables. C'est-à-dire qu'un livre composé de sonnets ou un livre composé de haïkus sont un "livre de sonnets" ou un "livre de haïkus" ; Re- doit à mes yeux user d'une forme sans être le livre de cette forme.
-
Du point de vue du lecteur, il n'y a sans doute guère de différences entre une forme rare et une forme neuve. Du point de vue du poète, la différence est de taille. Inventer une nouvelle forme poétique demande un important travail de préparation, de multiples tatonnements expérimentaux, ajustements, rabotages… C'est une recherche passionnante mais je ne crois pas que Re-, notamment pour les raisons données ci-dessus, soit le terrain pour cela.***
-
b) Si vous m'avez bien suivi, je traite de b dans le paragraphe précédent.
-
Il semblerait dont que j'aie tranché (jusqu'à preuve du contraire) en faveur d'une forme poétique déjà existante mais "rare". Reste à la trouver…
-Frédéric Forte
* Quand des mots sont en couleur, cela signifie qu'on peut cliquer dessus.
** Sans parler des commentaires des lecteurs potentiels…
*** Ce qui n'empêche pas que le poète devra malgré tout adapter à sa main une forme pré-existante.

1 commentaire:

 

blogger templates | Make Money Online