mardi 26 octobre 2010

Il y a quelqu'un ?

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Bon. Le dernier message posté sur ce blog date du 24 juin. C'est loin. Et ça ne ressemble pas vraiment à une fin… J'avais promis de conclure, notamment le volet "longue liste de titres", et me voilà bien embêté parce que je ne pensais pas qu'il en restait autant (de titres) : 14, sans compter Re-.
14 est un nombre intéressant, vous le savez, puisque c'est le nombre de vers d'un sonnet. Mais je ne vais pas me remettre à ce blog et pondre 14 nouveaux messages, non. Plus dans le rythme, et surtout plus l'envie.
Des nouvelles de Re- ? Il avance, merci. 27 fatras composés à ce jour. C'est-à-dire qu'il m'en reste à faire 17… Je tiens le bon bout. Et côté faux-textes ? Rien. J'ai décidé de repartir à zéro, une fois les fatras terminés. Mais justement, j'y pense beaucoup en ce moment. Et c'est pour cela que je repointe mon nez sur le blog, pour achever la bête.
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[Ici, hop !, je m'interromps pour prendre la photo complémentaire, la dernière.]
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Pas 14 messages donc mais celui-ci. Qui va récapituler assez vite les titres restants.
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Voici :
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Poèmes hongrois (1) ; sonnets plats (2) ; Chôka, journal (3) ; Poèmes isolés (4) ; Une collecte (5) ; 99 notes préparatoires (6) ; Posaune (7) ; Deux volets pourtant (8) ; Cahier de poèmes de Mary Sandy (9) ; Un drame nô (10) ; Toujours perdue la neuve entrée (11) ; Cité blanche – audio-guide (12) ; suite (13) ; Chansons pour Mauricio Kagel (14).
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• Aucun (0) ne commence par un article défini.
• Un (12) évoque un lieu qui n'est (ne sera bientôt) plus.
• Deux (9, 13) sont achevés mais pas publiés.
• Deux (8 & 13) sont le fruit d'une collaboration.
• Deux (2 & 6) sont en cours d'écriture.
• Deux (7 & 10) sont du théâtre.
• Deux (8 & 11) sont des vers.
• Deux (3 & 12) sont des projets "sérieux", non entamés mais que je compte bien voir aboutir.
• Trois (7, 9 & 14) contiennent des noms propres : le premier est un mot allemand signifiant "trombone" mais qui désigne ici un personnage, le deuxième est un hétéronyme, le troisième un compositeur germano-argentin qui a écrit pour le trombone, justement.
• Trois (4, 5 & 11) sont achevés et publiés.
• Quatre (1, 3, 9 & 10) font explicitement référence à d'autres cultures/langues : Hongrie, Japon, États-Unis, Japon respectivement.— Cinq (1, 7, 8, 10 & 14) ne sont que vagues idées qui ne donneront peut-être jamais rien.
• Sept (1, 2, 3, 4, 6, 10 & 14) font explicitement référence à la forme "utilisée".
• Tous (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 & 14) existent potentiellement.
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— C'est ça la fin ?
— Eh oui. C'est ça la fin.

jeudi 24 juin 2010

Bénédicte Vilgrain & Alain Berset

Pour cette dixième et dernière rencontre auteur-éditeur de la résidence, le Comptoir des mots (239, rue des Pyrénées, Paris 20e) et moi-même aurons le plaisir de recevoir, mercredi 30 juin à 20h, Bénédicte Vilgrain, poète, éditrice et traductrice ainsi qu'Alain Berset, éditeur des éditions Héros-Limite.
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Bénédicte est la fondatrice de Théâtre Typographique, merveilleuse petite maison d'édition* qu'elle anime avec Bernard Rival. Elle est traductrice : du tibétain (contes traditionnels), de l'allemand (Oskar Pastior, Harun Farocki…), de l'anglais (souvent avec Bernard Rival : Keith Waldrop, Susan Howe, George Oppen…) et auteur d'une œuvre singulière, toujours "in progress", nommée Une grammaire tibétaine, divisée en "chapitres" – publiés chez contrat-maint, aux éditions de l'Attente, dans les revues If, Fin ou dans un livre collectif paru chez Flammarion –, grammaire dont le chapitre le plus conséquent, le 8, titré Ngà, est paru en 2009 chez Héros-Limite.
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Ça tombe bien, car Alain Berset viendra nous parler du travail accompli par sa maison genévoise. Je ne citerai pas ici tous les ouvrages publiés (je ne les ai pas tous lus) mais je ne peux pas ne pas citer Silence – Conférences et écrits et Journal – comment rendre le monde meilleur (on ne fait qu'aggraver les choses) de John Cage, traduits respectivement par Vincent Barras et Christophe Marchand-Kiss, ou Je n'ai jamais su qu'elle heure il était de David Antin, traduit par Pascal Poyet, ou récemment Ouija Board de David Lespiau (avec un version en anglais de Cole Swensen et une en allemand de Cosima Weiter), ou, plus récemment encore, Là, poèmes 1968-1975 de Robert Creeley, traduit par Martin Richet.
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Si vous avez bien suivi on parlera donc d'édition, de traduction, de création. Comme d'habitude, en fait. Mais d'habitude, ce n'est jamais pareil…
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* C'est la mienne !

mercredi 23 juin 2010

Bristols

J'ai été heureux de découvrir samedi dernier au Marché de la poésie un curieux objet que j'avais imaginé il y a quelques temps et qui débute aujourd'hui, grâce au très beau travail des éditions Hapax, sa vie de poème édité. Édition limitée à cent exemplaires mais édition tout de même. Ce qui m'oblige à bouleverser l'ordre d'énumération de mes titres potentiels pour causer aujourd'hui de celui-là.*
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Qu'est-ce qu'il dit ce titre : Bristols (avec un tout petit "s" à la fin, c'est important) ?
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Initialement, lorsque je l'ai conçu et "exposé" – chez Martine Aboucaya dans le cadre de l'exposition Oulipo (de décembre 2005 à janvier 2006)–, le titre en était Bristol(s). Mais j'ai également publié en 2006 le petit livre Comment(s), qui prend lui aussi un "(s)" terminal, et qui lui aussi joue avec l'ambiguïté français-anglais (quoi que de manière différente). Alors il a fallu, pour éviter la redite, trouver une autre façon d'exprimer la pluralité : ce fut ce petit s.
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Un bristol est un "papier fort et blanc, employé pour le dessin, les cartes de visite" nous dit le Robert. Mais, avant ça, il** nous prévient : "1867*** ; du nom de la ville".
Du nom de la ville…
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Bien sûr, c'est sur ce jeu-là que repose mon poème combinatoire (combinatoire parce que les 99 vers qui le constituent sont imprimés sur 99 bristols que l'on peut mélanger à volonté, l'ordre de lecture qui en résulte permettant de lire 99! (factorielle de 99) versions possibles du poème).
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Le poème est donc écrit sur bristols mais aussi sur Bristol, ville que, pour des raisons décelables dans le poème, je n'ai jamais visitée****, ce qui m'autorise à parler de Bristols potentiels, appartenant à des "univers parallèles" presque, que, donc, je ne connaîtrai pas. C'est clair ?
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* Ce n'est pas que je cause beaucoup ces jours-ci, vous le savez. Mais bon…
** Le Robert.
*** Je profite de cette datation lexicale pour dire ici toute mon admiration concernant le livre de Michelle Grangaud qui vient de paraître chez P.O.L : Les Temps traversés ; une merveille.
**** Mais un "bristol", c'est aussi une carte de visite…

dimanche 13 juin 2010

Où en est Re-

La fin de la résidence est imminente et si vous passez de temps à autre sur ce blog, vous avez pu remarquer qu'il part à la dérive faute de direction, et de pilote. Cela ne signifie pas que j'ai renoncé à Re- ; il avance, il avance (je vais en parler plus bas)… Mais, à vrai dire, le goût de nourrir ce blog m'a passé.* En partie parce que l'éparpillement de mes activités a réduit le temps que je pouvais y consacrer – elle est loin l'époque où je postais cinq messages par semaine –, et en partie aussi parce que la réflexion sur le livre s'épaississant (je n'ose pas dire "se développant" car elle peut être tout aussi bien régressive), il m'est devenu de plus en plus compliqué de faire part de toutes les valses-hésitations, tergiversations, marches arrières, corrections tatillonnes qui l'accompagnent.
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Re- n'est pas à terre, comme pourrait le laisser croire la photo de Daniel, mais l'état de chantier dans lequel il se trouve** et le temps relativement restreint que j'ai ces jours-ci à lui consacrer font que je ne peux plus passer autant de temps à le commenter qu'à l'écrire.
Vous me ferez remarquer, et vous aurez raison, que le projet initial impliquait justement que les textes du blog soient la "nourriture" privilégiée du livre. Alors je dois bien admettre que, de ce point de vue-là, c'est un échec. Je n'ai pas réussi à tenir la cadence.
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L'auto-flagellation cependant n'est pas une solution et Re- existe bel et bien. C'est-à-dire plus précisément que les poèmes*** sont en train de s'écrire et que leur tonalité, leur physionomie sont de plus en plus claires dans mon esprit. Avec, encore une fois, toutes les réserves d'usage, les re- ou dé- cadrages que cela implique. À l'heure qu'il est, 12 fatras sont écrits. C'est peu, certes, mais c'est beaucoup.
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Les faux textes par contre sont au point mort. Et c'est aussi une des raisons qui ont fait le ralentissement du blog. Je ne suis plus satisfait de mes postulats de départ. À la relecture, ça ne marche pas, tout simplement. Je ne compte pas pour autant abandonner le concept "fausses / belles pages" mais je ne sais pas encore comment régler le problème. J'ai quelques idées mais pas réellement formelles (et à ce stade de ma réflexion, ce sont les seules qui vaillent). Je m'en sortirai.
En attendant que va-t-il arriver au blog ? Il va bientôt s'arrêter, c'est certain, en ayant à moitié rempli son office : piste d'élan, journal des premières heures (et c'est déjà pas mal) mais pas la machine à produire que j'espérais (j'en suis seul responsable, encore une fois).
Mais il y a tout de même une chose qu'il me faut achever, sinon quoi l'opinion que j'ai de moi-même (plutôt "moyenne +" en ce moment) va s'effondrer radicalement : terminer le commentaire de ma "longue liste de titres". Si je ne suis pas capable de faire ça, vraiment, je ne veux plus, pour peu que vous me reconnaissiez, que vous me saluiez dans la rue. Donc : ce blog ne baissera définitivement le rideau qu'une fois la rétrospective des titres potentiels complétée. C'est dit. Ce qui ne me prendra sans doute pas très longtemps, mais qui pourrait bien dépasser de quelques jours, voire de deux ou trois petites semaines, la date-butoir du 30 juin, fin de ma résidence.****
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* Même la photo de ce message n'est pas de moi mais de Daniel Levin Becker (de l'Oulipo) qui me l'a envoyée en pensant que ça pourrait me servir. Il avait raison.
** Vous voyez les gravats ?
*** Des fatras, vous vous rappelez ?
**** qui est aussi la date de ma rencontre avec Bénédicte Vilgrain et l'éditeur Alain Bercet (de Héros-limite), je l'annoncerai plus longuement très bientôt.

lundi 31 mai 2010

Le risque vestimentaire

Qui est l'écart entre une tenue vestimentaire et son environnement social et culturel immédiat.
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Qui serait au comportement vestimentaire ce que La reconstruction d'Okinawa est à l'exotisme, vous voyez ?
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Un essai (que je n'écrirai pas) fait de descriptions, d'anecdotes, pas de photographies.
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Un peu ethnographie, un peu poésie.
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Rideau.

mercredi 26 mai 2010

We are fly simulators

We are fly simulators… L'exemple-type du titre qui ne rappelle rien : aucun moment particulier, aucun contenu particulier… Ne serait la reconnaissance de ma propre écriture* dans le cahier bleu, je jugerais que quelqu'un l'a placé là, au milieu de titres signifiants, pour me jouer un tour.
Malgré le vide effrayant qu'il dégage, We are fly simulators, a bien dû néanmoins, l'espace de quelques secondes au moins, faire sens dans ma tête.
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La question est donc : qui étais-je à ce moment-là, quelle espèce de Frédéric Forte ?
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Avais-je planifié something ou comptais-je sur le moment précis où j'écris ces lignes pour trouver une réponse ?
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Quoi qu'il en soit, il faudrait bien que j'en fasse quelque chose, ne serait-ce que virtuellement.
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Je le verrais bien en début de sonnet plat qui, du coup, donnerait son titre à toute la série.
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"We are fly simulators / une question de statistiques / un mixeur pour bébé et quatorze / mouches fantastiques…" Quelque chose comme ça.
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* Ou bien est-ce une imitation ?

jeudi 20 mai 2010

Poètes et traducteurs

Normalement, mercredi 26 mai à 20h au Comptoir des mots devait se dérouler la rencontre avec Cole Swensen autour de son livre Si riche heure, magnifiquement traduit de l'américain par Nicolas Pesquès et Maïtreyi et publié chez José Corti.
Malheureusement, Cole a dû retarder sa venue en France et ne pourra être physiquement avec nous. Mais son livre est bien là et son action de poète, de traductrice et d'éditrice de poésie traduite du français* doit nous montrer l'exemple.
J'ai pensé qu'une rencontre de poètes traducteurs serait le meilleur moyen pour que Cole soit virtuellement parmi nous.
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Nicolas Pesquès, qui était bien sûr déjà invité, a répondu présent. Il est notamment l'auteur, chez André Dimanche Éditeur, de livres intitulés La face nord de Juliau dont le volume 7 vient tout juste de paraître.
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Seront également avec nous :
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Virginie Poitrasson, poète qui a notamment publié Demi-valeurs aux éditions de l'Attente et a une intense activité de traductrice de poésie américaine : elle a réalisé le dossier "Six poètes new-yorkais" dans le n° 194 d'Action Poétique et a traduit avec Éric Suchère un ouvrage de Michael Palmer** à paraître chez José Corti, justement ;
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Martin Richet, connu essentiellement comme infatiguable traducteur de la poésie américaine (trop de textes à citer*** mais dernièrement Gesualdo de Lynn hejinian chez Éric Pesty éditeur, Praxis de Bruce Andrews aux éditions de l'Attente et, à paraître aux éditions Héros-Limite en juin, Là : poèmes, 1968-1975 de Robert Creeley) mais qui est également l'auteur de Bureau vertical / Onze pour table aux cahiers de la Seine et d'un livre à paraître dont il parlera s'il le souhaite ;
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Ryoko Sekiguchi, poète et traductrice japonaise**** vivant à Paris, publiée chez P.O.L et au Bleu du ciel, qui écrit aussi bien en français (lire par exemple Héliotropes chez P.O.L) qu'en japonais (voir Calque, aussi chez P.O.L, "version française" d'un texte antérieurement composé en japonais*****), traduit dans les deux sens et à qui je dois la découverte merveilleuse de Gôzô Yoshimasu dont elle a traduit Ex-voto, a thousand steps and more aux Petits Matins et The other voice****** chez Caedere.
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Toutes ces belles, tous ces beaux poètes traductrices et -teurs viendront nous parler de cette chose étrange qu'est la traduction de poésie…
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* Elle a créé la collection"La Presse" chez Fence Books.
** Dont, sorry, je ne me rappelle plus le titre.
*** Dont Qu'est-ce qu'elle voit quand elle ferme les yeux de Gertrude Stein chez contrat-maint…
**** Y a pas de raison qu'y en ait que pour l'anglais !
***** Mais qu'on ne s'y méprenne pas il ne s'agit pas d'une traduction mais d'une recréation.
****** Titres anglais mais bien traduits du japonais.

vendredi 14 mai 2010

Une histoire des moyens de transport à travers les âges

Vingt. C'est le nombre de titres, y compris celui-ci, qu'il me reste à commenter d'ici la fin de la résidence poète<=>public et, par conséquent, de ce blog (le 30 juin prochain). Vu mon rythme de postage ces dernières semaines, autant dire qu'il va me falloir mettre un bon coup de collier si je veux faire le tour complet de mes "titres" d'ici là…
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Bref, aujourd'hui : Une histoire des moyens de transport à travers les âges. Projet de roman d'amour "court" plusieurs fois recommencé et que je compte bien mener à bien un de ces jours.
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Je précise que je ne souhaite pas "passer au roman". Simplement, la forme-roman* me semble à explorer, au moins une fois, par les poètes, comme moyen "autre" de travailler la langue.
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Maintenant, pourquoi un titre aussi long et "vaste" qu'Une histoire des moyens de transport à travers les âges pour un projet de roman d'amour ? Eh bien, pour créer un décalage justement.
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Seulement deux titres me semblaient envisageables : celui que j'ai finalement retenu et Un roman d'amour court.
Mais j'aime la disproportion du premier, son aspect "à côté de la plaque". J'aime l'idée que le lecteur potentiel se demande "de quoi ça parle exactement ?" et attende jusqu'au bout une illumination qui ne viendra pas.
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La réponse serait dans l'écart, indicible : comme un voile permanent recouvrant le texte et lui donnant des "reflets" différents, une lumière particulière qu'intrinsèquement il ne possédait pas.
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* Ou plutôt le genre ?

dimanche 9 mai 2010

(épopée)

Ce titre-là est le titre (provisoire ?) que Ian Monk et moi avions donné au projet (inabouti) qui suivit N/S.
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À mieux le regarder aujourd'hui, je me dis qu'il aurait dû être plus exactement écrit ainsi :
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(épopé)
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tant le principe d'écriture du long poème "épique" envisagé reposait sur le concept de symétrie*. L'écriture allait à rebours autant qu'elle "avançait". Une idée toute monkienne qu'il a pu mettre en œuvre dans quelques-uns de ces livres, déjà écrits et même à venir.
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Mais déjà, même avec le e final, surnuméraire d'épopée, on pouvait se faire une idée de cette symétrie grâce aux parenthèses. Encore un titre où le signe de ponctuation joue un rôle important.
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Ainsi (épopée), sans doute, poursuit-il potentiellement sa route vers l'infini dans les deux sens, et dans les deux sens**.
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* Symétrie plus que palindrome.
** Vous avez saisi ?

mercredi 5 mai 2010

À distance

De petits ennuis informatiques m'ont empêché de poster un nouveau message plus tôt. Et cette pause (pas une nouveauté en soi ces derniers temps…) indépendante de ma volonté (ça c'est neuf) m'a permis de réfléchir à Re- avec un recul supplémentaire.
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Voici. Dans tout projet de livre, dans toute écriture en cours, je (on ?) tâtonne. On avance de 3 pas et on recule de 10. C'est ce qui fait que souvent le nombre de pas s'achevant dans le négatif, le livre ne voit pas le jour*.
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Re- est particulier en deux sens : 1°) le travail de conception du livre est montré et 2°) le livre ne parle de rien d'autre (?) que du processus lui-même. C'est l'idée générale.
Maintenant si je suis honnête dans ce que je montre, je dois donner à voir (entendre, lire) les hésitations, les atermoiements, les bifurcations, les remords, les ratures, les retours en arrière, etc. Et je l'ai déjà fait.
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Je continue : j'ai "mis en place" pour les fausses pages de ce livre un certain nombre de paramètres (pas vraiment "oulipiens" mais formels) et, si les belles pages, c'est-à-dire la composition des fatras, progressent de manière lente mais de plus en plus sûre, je ne suis par contre plus convaincu par ce que j'ai pu écrire concernant les faux textes. Et surtout ne suis plus convaincu par les faux textes produits eux-mêmes !
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J'avais laisser le problème de côté depuis un moment et force m'est de constater aujourd'hui que je dois faire machine arrière. Pas forcément en tout mais sur pas mal de points. Je ne sais pas encore exactement ce que cela donnera mais I'll keep you posted.
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Parce que, ah oui, il est hors de question que Re- ne voit pas le jour.**
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ps : sur un tout autre sujet je renvois ici à la critique du n°1 de Ligne 13 que fait Claro sur son blog Le Clavier cannibale II.***
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* Ce qui ne veut pas dire que, potentiellement, il n'existe pas (cf. la rubrique Titres).
** Ce sera pour plus tard que prévu, mais ce sera.
*** Que pour le coup, j'ajoute dans les liens amis.

samedi 1 mai 2010

Happy / Hors-sujet

Double (triple même !) occasion d'écrire un "hors-sujet" : cela fait très longtemps que je n'en ai pas fait*, c'est la fête du travail et mon fils a aujourd'hui 1 an.
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Mais qu'est-ce qu'un "hors-sujet" exactement ?
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Peut-être qu'en fait je suis pile dans le sujet.
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Qui est Re-.
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*Sauf involontaire.

jeudi 29 avril 2010

Les voies parallèles du maintien et de l'occupation

"Les voies parallèles du maintien et de l'occupation" est le titre d'un encadré dans le Robert historique en 3 volumes, il me semble. Je ne sais plus comment on en est arrivé là précisément mais je sais pourquoi. Et j'écris "on" car pour trouver ce titre-là, je n'étais pas seul.
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En mai (juin 2003), les éditions de l'Attente m'avaient invité à venir lire à Bordeaux.* À cette occasion, je rencontrai Isabelle Jelen, personnalité active des Cuisines de l'Immédiat, artiste polyvalente (de la vidéo à l'expérimentation culinaire en passant par la chanson) dont j'apprécie particulièrement les courts "textes" très conceptuels.**
Nous nous dîmes : "faisons quelque chose ensemble !" et nous ne fîmes rien. Mais nous le fîmes avec élégance, et ce rien à un nom : Les voies parallèles du maintien et de l'occupation.
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Si ce n'est pas de l'œuvre potentielle, ça…
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photo : page 29 de Collection particulière d'Isabelle Jelen
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* Avec Marie Rousset, que j'ai revue récemment à Clermont-Ferrand.
** Lire notamment à l'Attente : Carnet de bal, La meilleure manière de partir, Collection particulière, Nouvelle coiffure, mon savoir

lundi 26 avril 2010

Quatrines

Cela fait trop longtemps que je n'ai rien écrit sur la "machinerie" de Re-. Pourtant j'y pense, j'y pense… Et, notamment, puisque j'ai écrit ici que j'avais changé mon fusil d'épaule concernant la longueur des vers, il me fallait bien revoir la structure que j'avais envisagée .
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Alors, qu'ai-je fait ?
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Ayant limité à quatre les mètres possibles de vers (6, 7, 8 et 9), chaque type de fatras apparaîtra donc onze fois. Comment les organiser ? J'ai choisi de faire ça :
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Je prends une première pseudo-quatrine* en partant de la série 6 7 8 9 :
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6 7 8 9
8 6 9 7
9 8 7 6
7 9 6 8
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et puis une seconde pseudo-quatrine en partant de la série 6 8 9 7 :
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6 8 9 7
9 7 8 6
8 6 7 9
7 9 6 8
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qui fonctionne sur un autre mode de permutation mais comme ma série de départ est différente, elles se terminent toutes deux sur la même suite 7 9 6 8 (c'est pas fait exprès).
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16+16 = 32, il manque encore 12 positions pour atteindre mes 44 poèmes.
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J'intercale donc entre les deux une pseudo-pseudo-quenine interrompue en partant de la série 6 9 8 7 :
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6 9 8 7
7 6 9 8
8 7 6 9
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Ce qui nous donne au final l'ordre suivant** – qui représente, je le redis, l'ordre des métriques utilisées pour chacun des 44 poèmes – peut-être définitif mais on ne sait jamais…
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6 7 8 9
8 6 9 7
9 8 7 6
7 9 6 8
6 9 8 7
7 6 9 8
8 7 6 9
6 8 9 7
9 7 8 6
8 6 7 9
7 9 6 8
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* 4 n'est pas un nombre de Queneau ; c'est-à-dire qu'il ne peut donner lieu à une n-ine au sens strict. Mais Jacques Roubaud a cherché à étendre ce type de permutations à d'autres nombres, dont le 4 (lire également Sainte Catherine de Harry Mathews publié chez P.O.L), d'où ce "pseudo".
** À lire toujours de gauche à droite.

samedi 24 avril 2010

Au-delà du volcan

J'aurais dû vous annoncer ici la rencontre prévue mercredi 28 avril avec Emmanuelle Pireyre et Céline Geoffroy. Seulement voilà, Emmanuelle, partie en voyage au Japon, se trouve retenue à Tokyo par un volcan. Aïe !
Les voies du ciel étant impénétrables, nous avons préféré annuler la rencontre initialement prévue (où l'on aurait parlé des livres d'Emmanuelle mais aussi de création radiophonique avec Céline Geoffroy).
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Mais bon… On ne va pas renoncer à une soirée, tout de même ! Dans le cadre de ma résidence, dix étaient prévues, dix il y aura.
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Je propose donc ceci : à 20 h précise, mercredi 28 avril au Comptoir des mots (239, rue des Pyrénées, Paris 20e – métro Gambetta), je serai là et lirai de la poésie (mais pas la mienne) : des extraits de Comment faire disparaître la terre d'Emmanuelle Pireyre pour commencer. Et j'invite tous ceux qui le souhaitent à venir nous rejoindre, l'équipe du Comptoir et moi, pour lire, à voix haute, ce que bon vous semblera (tant que ce n'est pas vous qui l'aurez écrit).
Vous pouvez apporter des livres de votre propre bibliothèque. Mais, par chance, dans la librairie Le Comptoir des mots, il y a également des livres (quelle coïncidence !), vous pourrez donc même venir les mains vides.
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On lira, on parlera et on festoiera. C'est dit.

mardi 20 avril 2010

L'affaire Furtif de Sylvain Prudhomme

Je viens de lire un roman formidable : L'affaire Furtif, par Sylvain Prudhomme, publié chez Burozoïque dans la collection "Le répertoire des îles" de Mathieu Larnaudie. Texte tellement formidable que je suis un peu dépité de ne plus pouvoir le lire pour la première fois.
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Je n'en ferai ni la critique ni n'en résumerai l'intrigue : je ne sais pas le faire et je n'aime pas ça.
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Mais j'ai vraiment envie de partager avec le plus grand nombre cet immense plaisir de lecture.
Le livre m'a fait penser – et pour moi, c'est un compliment – à certains textes de Georges Perec (La partie "W" de W ou le souvenir d'enfance, deux ou trois "romans" de La vie mode d'emploi ou un petit quelque chose de La disparition (sans le lipogramme)), le Perec lecteur de Jules Verne et des romans d'aventures adolescents. Avec sa couleur propre, attention ! qui à mon avis n'appartient à pas grand monde d'autre que Sylvain Prudhomme.
Faites-moi confiance : achetez-le (8 €), dévorez-le et ensuite vous n'aurez plus, tout comme moi, qu'une seule envie : en parler et le relire !

dimanche 18 avril 2010

Tangos en prose

L'idée était simple (sur le papier) : relever les deux cents mots les plus fréquents dans un corpus significatif de de tangos argentins* pour constituer un lexique exclusif, une langue privée (privée de tous les autres mots)**.
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Composer ensuite des tangos en prose, pas des chansons, attention, des tangos-en-prose, poèmes qui essayeraient de parler de tout sauf des thèmes classiques du tango (amour perdu, exil, mélancolie, solitude, etc.)
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La question dès lors aurait été : comment exprimer le concept de, disons, "fourchette" dans une langue qui ne possède pas ce mot ? Le genre de choses qui me passionnent…
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Le problème c'est que mon affaire a capoté dès la phase 1, la récolte "statistique" des mots du tango. Faire ça à la main, ah non ! c'était vraiment trop pénible.
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Tant pis…
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* Chantés, évidemment, et dans leurs traductions françaises.
** Mais les mots-outils auraient été autorisés.

jeudi 15 avril 2010

Polaire

Polaire
-
si
ours
blanc
devant
toi
récit
blanc
devant
toi
de
ses
aventures
(vite)
point
blanc
sur
blanc
jusqu'
à
l'
hiver
devant
toi
il
est
mort
et
le
trou
le
plus
froid
(vite)
on
l'
enterre
pour
une
autre
fois
le
mystère
de
ces
glaces
la
banquise
devant
toi
imperturbable
la
raison
qui
échappe
et
(vite)
enchaîne
le
contraire
du
vertige
devant
toi
on
ne
peut
pas
non
admettre
quoi
le
repère
est
fondu
il
n'
y
a
pas
de
repère
tout
est
blanc
blanc
cette
fois
(je me rappelle avril)
et
comme
on
préfère
la
neige
devant
toi
n'
est
ce
pas
beau
la
neige
oh
et
ce
mystère
ce
qu'
il
y
a
dessous
(vite)
et
en
dessous
on
fait
un
trou
devant
toi
pour
ours
blanc
dans
le
blanc
devant
toi
on
enterre
et
puis
non
c'
est
de
l'
eau
(vite)
de
la
glace
(vite)
un
état
si
on
ne
bouge
pas
liquide
et
geler
et
courir
se
rouler
(vite)
dans
la
neige
n'
est
ce
pas
apprécier
blanc
le
froid
devant
toi
admettre
alors
et
vide
et
plein
la
position
abstraite
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mardi 13 avril 2010

Très peu d'objets nous font de l'ombre

Il y avait eu d'abord Schumann Lieder, qui me semblait un bon titre pour un ensemble de poèmes utilisant comme "base" formelle le Yi King (!)* Et puis lorsque j'ai commencé à composé les poèmes**, un vers m'a sauté aux yeux comme étant plus approprié pour désigner l'ensemble***.
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Très peu d'objets nous font de l'ombre. L'énoncé, d'abord, est un octosyllabe. Ce qui n'est pas inintéressant. Et surtout, il est ambiguë.
Soit on entend "très peu d'objets nous font de l'ombre", soit on entend "très peu d'objets nous font de l'ombre". Et ce n'est pas la même chose.
Dans le premier cas, la vision "optimiste" l'emporte : ils sont si peu nombreux, les objets à nous faire de l'ombre, que la vie ne nous pèse pas. On est dans la lumière presque tout le temps.
Dans le second cas, bien sûr, c'est l'inverse. Il suffit d'un rien pour venir noircir le tableau, un minuscule pan de pénombre vient foutre notre vie en l'air.
Ce n'est pas que ça me préoccupe tant que ça en fait. Ce qui m'intéresse c'est plutôt que l'énoncé laisse entendre les deux, le lumineux et le sombre, ce qui me semble un plutôt bon raccourci**** du Yi King.
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* Le Yi King, ou Livre des Mutations chinois, comprend 64 "hexagrammes". 64 c'est 8x8. J'imaginais d'écrire 64 poèmes. Chaque poème composé de 8 lignes, chaque ligne constituée de 8 segments. Aux segments seraient attribués deux types de caractéristiques formelles échelonnées de 1 à 8. D'une ligne à une autre ces 2x8 caractéristiques changeraient de positions en permutant selon deux types d'octine, deux pseudo-quenines d'ordre 8 sur le modèle proposé par Jacques Roubaud dans N-ines, autrement dit quenines (encore), La Bibliothèque Oulipienne n°66. C'était pas de la tarte, me direz-vous. Et c'est vrai : je n'y suis toujours pas arrivé.
** Plus exactement à la troisième tentative d'écriture de ces poèmes…
*** C'est une chose très rare pour moi qu'un titre émerge après le début du travail de composition proprement dit (mais je l'ai déjà dit).
**** Et comme tout raccourci, forcément réducteur.

dimanche 11 avril 2010

Tirer-un-trait

C'est avec un grand plaisir que j'annonce ici la parution du premier numéro de la revue Ligne 13*. Intitulé Tirer-un-trait, l'ouvrage est disponible dans un tas de bonnes librairies, dont le Comptoir des mots qui recevra d'ailleurs les deux fondateurs de la revue, Francis Cohen et Sébastien Smirou, ainsi que quelques-uns des auteurs ayant participé au numéro (Marie-louise Chapelle, Jean Daive, Christophe Mescolini et votre serviteur, d'autres peut-être…) le mercredi 5 mai à 20h pour une soirée de "lancement" du canot**.
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Puisque je suis dedans, je ne vais pas vous dire tout le bien que j'en pense. Mais ça me démange.
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* Vous pouvez vous y abonner en visitant le site.
** La revue est superbement illustrée par François Matton qui me pardonnera, je l'espère, le massacre photographique de son dessin de couverture…

samedi 10 avril 2010

Chambardement

Depuis quelques semaines, Re- (ou je) piétine. Cela est peut-être dû, certes, a une dispersion de mes activités difficilement compatible avec le temps de la composition d'un livre mais aussi à autre chose, je viens de le réaliser aujourd'hui.
Même si les poèmes n'avancent pas, je les relis souvent. Dans ma tête, ou à haute voix, encore et encore. C'est toujours ainsi que je procède, comme un test de fiabilité*.
Et, donc, en relisant mes fatras, j'ai pris conscience aujourd'hui de ce qui depuis un moment clochait dans ma tête** sans que j'ai pu l'identifier : les longueurs de vers de certains poèmes. Plus exactement, ceci : les vers courts fonctionnent très bien (jusqu'à 9) mais à partir de 10, ça commence à dérailler et pour 11 et 12, rien ne va plus…
Il s'agit peut-être d'une vision purement subjective mais j'en ai maintenant la certitude, les déca-, les endéca- et les dodécasyllabes, dans la langue que j'emploie pour ce livre, ne marchent pas. Les poèmes deviennent lourds, sentencieux… Ça pèse des tonnes et j'ai l'impression de me la raconter. Et ce n'est surtout pas le ton que je veux donner à Re-.
Ce qui m'intéresse et fonctionne à mes yeux avec les vers courts (de 6 à 9 syllabes donc) c'est une légèreté, une certaine inconséquence même, que les vers "longs" oblitèrent.
Cela a peut-être à voir avec un équilibre (une harmonie ?) : le rapport entre le nombre des vers et leur longueur.***
La forme-fatras (telle que je l'ai fixée : 13 vers (2+6+5)) n'est pas la forme-sonnet. Si l'alexandrin et le sonnet sont faits l'un pour l'autre****, comme le vin rouge et le camembert en quelque sorte, le fatras lui me semble taillé pour accueillir des vers poids plume.
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Bref, la "belle" construction que j'avais élaborée ici s'écroule sur le champ. Me reste plus qu'à remonter autre chose… Nous voilà beaux.
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* Quand j'étais le mois dernier à Clermont-Ferrand pour la Semaine de la Poésie, je suis passé souvent devant les usines Michelin et notamment devant d'étranges constructions qu'on m'a dit être les anciennes rampes d'essai où l'on testait la résistance des pneus… Ma rampe d'essai à moi, c'est la voix.
** Je sais, l'expression est ambiguë. Mais imaginez une petite sonnette d'alarme en train de carillonner.
*** Quelque chose comme le nombre d'or doit venir jouer un rôle là-dedans mais je n'ai pas le temps d'approfondir pour le moment.
**** Mais le sonnet a utilisé dans l'Histoire une grande variété de mètres, ne l'oublions pas.

mardi 6 avril 2010

N/S

J'ai rencontré Ian Monk en mai 2002 chez François Caradec lors d'une réunion de l'Oulipo où j'étais "invité d'honneur".*
Un an plus tard, en mai 2003, revenant à Paris pour une semaine de vacances, j'assistai à Jussieu, amphi 24, à un Jeudi de l'Oulipo après lequel je me joignis à quelques oulipiens – Jacques Jouet, Olivier Salon, Ian Monk – et à leurs amis (je me souviens que Marc Lapprand était présent) pour dîner en terrasse d'un café. Il faisait doux ce soir-là.
Je ne saurais pas me rappeler comment l'idée avait préalablement germé dans ma petite tête, mais elle existait déjà puisque ex abrupto je proposai à Ian une collaboration. Une proposition qui tenait en trois signes : 'N', '/' et 'S'. Parce qu'il vivait à Lille et moi à Toulouse, un titre en forme d'axe cardinal : Nord / Sud.
Ian me répondit aussitôt qu'il était o.k. mais qu'il voulait écrire en anglais.** Et il se mit à griffonner sur la nappe la forme de huitain bilingue que nous allions commencer à utiliser quelques jours plus tard pour composer notre livre commun. Après ça, je ne fis que suivre le mouvement.
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Combien y avait-il de combinaisons dans un huitain bilingue à raison de quatre vers en français et autant en anglais ? 70.
Devions-nous nous contenter de composer une seule séquence ou bien nous fallait-il en écrire une autre pour que la symétrie soit parfaite ? Réponse 2 : 140 poèmes donc.
Et ces 140 poèmes ne devions-nous pas les traduire en miroir pour que les lecteurs uniglottes puissent éventuellement y retrouver leurs petits ? Yes : 140 x 2 = 280 poèmes.
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Nous nous envoyions des e-mails une à deux fois par jour sur l'axe Nord-Sud. À la fin de l'été, il me semble, le livre était écrit.***
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* C'est comme ça qu'on dit.
** Il a depuis montré avec Plouk town (Cambourakis, 2007) qu'il savait écrire en français.
*** Puis publié, fin 2004, aux éditions de l'Attente.

dimanche 4 avril 2010

Rrrrrrrrreeeeeeeee

J'ai bien remarqué, ces derniers jours, l'insistance avec laquelle mon fils tente de me ramener, mine de rien, à l'essentiel : l'écriture de Re-. "Re-… Re-… Re-…" me répétait-il encore pas plus tard qu'hier, alors qu'il avait abandonné le vocable depuis déjà pas mal de temps au profit de "da", "ga" et autres "awa". C'est un signe.
Je n'avais pas conscience que l'expérience lui tenait particulièrement à cœur mais force est de constater qu'il a noté le ralentissement du projet* et m'encourage à, que dis-je, me presse de me ressaisir afin de le mener à bien.
Oh, bien sûr, si je lui posais directement la question, il répondrait par quelques signes apparents (gominage des cheveux à la pâte de courge, concours de postillonage ou tentative de record du monde du jet de doudou) que marcher est une opération qui le requiert à plein temps et que s'il doit un jour s'intéresser à la poésie, il faut d'abord qu'il apprenne à compter ses pas.
Mais je ne suis pas dupe. Il me pousse. "Re-… Re-… Re-…"
Alors que voulez-vous que je fasse ? Le retard s'accentue, mais je continue.
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* Pourtant il ne lit pas le blog, lui.

mardi 30 mars 2010

"Vous êtes ici"

J'avais évoqué ici deux ou trois titres oubliés dans ma longue liste de titres et je crois bien que je les ai à nouveau abandonnés en chemin. Enfin, pas totalement, puisqu'ils me reviennent tout à coup en mémoire.
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Je suis ici, effectivement. Et ça ne m'évoque rien. Entendons-nous bien : je sais à quoi cela fait référence, les plans de ville, etc, mais je ne me rappelle pas le cheminement de pensée qui m'avait amené à l'insérer comme titre potentiel dans une liste.
Mais je pourrais, spontanément, décider d'en faire le titre d'un petit livre de poèmes ready-made dont j'ai parlé, sans le présenter comme tel, cet après-midi à G. et B. au comptoir des mots.
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"Vous êtes ici" serait constitué de poèmes prélevés dans un livre de Guillaume M., auteur de best-sellers "à la mode". Il se trouve en effet que ce monsieur a la très bonne habitude, pour qui veut produire des poèmes ready-made, de placer en exergue des chapitres de ses livres des citations d'auteurs célèbres (de Stephen King à Sénèque en passant par Shakespeare ou Bob Dylan). Ces citations, associées à la première phrase du chapitre correspondant, produisent d'excellents poèmes automatiques, ou ready made donc, sortes de centons en forme de dystiques. Les résultats sont déconcertants.
Je n'ai malheureusement pas présentement les précieux ouvrages de cet auteur en ma possession mais cela pourrait donner quelque chose comme
Tous nos actes visent à écarter de nous la souffrance et la peur
Ethan se fit chauffer des raviolis en boîte
La citation est d'Épicure mais je ne suis pas sûr qu'il serait efficace de le signaler dans le corps du poème. Peut-être dans un index en fin de volume…
Et je remarque qu'en inventant sans réfléchir une phrase "mussienne"*, j'ai produit un alexandrin. Pas fait exprès, désolé.
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En tout cas, si un tel livre de poèmes voyait le jour, il s'appellerait, de par la grâce de ce blog, "Vous êtes ici" et vous sauriez alors qu'il ne faut absolument pas l'acheter.
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*Oups ! je viens de donner un indice sur l'auteur…

dimanche 28 mars 2010

Comment(s)

Comment j'en suis arrivé à Comment(s). Pour ce petit livre-là, achevé, publié*, les choses se sont passées à l'envers. La plupart du temps, je l'ai déjà dit, le titre vient en premier. Je trouve le titre et tout s'enchaîne (presque…) : je définis une forme, une procédure et, en dernier lieu, j'écris.
Mais j'ai composé ces petits poèmes en prose comme une récréation après deux années de travail sur Opéras-minute. Le parti pris était inverse : écrire "spontanément" des textes informes, des instantanés en quelque sorte, les découper ensuite en unités "suffisantes", leur attribuer un titre "automatique
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(Petite parenthèse : qu'est-ce qu'un titre automatique ?
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Je travaillais à l'époque (2003) comme vendeur de disques dans une boutique Harmonia Mundi et il y avait cette collection américaine de disques à petit prix sur les pochettes desquels étaient inscrits, en haut à droite, des extraits de critiques parues dans divers journaux anglo-saxons, des teasers quoi, censés exciter la curiosité du mélomane : Devastating charm, Eloquent, Outsanding, Seductive, Beguiling, A jewel, A winner, Flawless, etc. Si ça, ce n'était pas des titres potentiels, je voulais bien être pendu. Il m'a suffit donc de les collecter et de les attribuer "à l'aveugle" aux textes que j'avais produits (en français, et dont la tonalité, inutile de vous le dire, est à dix mille lieues de ce que ces titres suggèrent).),
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les ordonner librement, et enfin nommer l'ensemble.
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Je ne saurais pas dire exactement comment j'en suis arrivé au titre final. Peut-être ai-je pensé que ces textes, d'une manière ou d'une autre, répondaient tous à une (des) question(s) implicite(s) : comment écrire, comment parler, comment se souvenir, comment ne pas se répéter ?… Et ce (s) serait venu tout naturellement à cause de mes titres anglais automatiques, les poèmes était simplement des commentaires.
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Mais de quoi ?
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* Éditions de l'Attente, 2006.
 

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