Des Haïkus pour mémoire dont il est question dans la longue liste de titres, c'est amusant, je n'ai gardé aucune trace*. Ce haïku me donne cependant un prétexte pour expliquer comment peut naître un projet de livre.
-
Je m'explique. Une fois sur trois lorsque je tape le mot "haïku" sur mon clavier, j'oublie le i et cela donne "ha¨ku". Un petite bonheur typographique.
Ha¨ku où peut se lire, malgré le blanc, le nom de la forme.
Ha¨ku qu'on peut lire également "à-coups" ou "à coups", au choix.**
À coups de quoi ? Justement, on ne sait pas.
-
C'est la multiplicité des possibles qui fait de Ha¨ku, à mes yeux, un excellent titre potentiel. Le i manquant – et la présence du tréma qui maintient malgré tout l'intégrité du mot – engendre une foule de questions formelles. Quelle sorte de haïkus est-on amené à écrire dans un livre qui porte ce titre-là ? Comment reformuler cette absence dans la forme fixe ? Porterait-elle sur ses éléments objectifs (métriques, prosodiques) ou sur la subjectivité du poème ? Sur les deux sans doute, mais selon quels critères ?
-
On a ici affaire à la même potentialité, générée par coquille typographique – ou "lapsus calamachine" – que celle rencontrée par Jacques Jouet lorsque il est un jour tombé sur la phrase affirmant que "Les trois contes de Flaubert sont le sonnet de son œuvre". Il a répondu au défi potentiel par un texte programmatique que l'on peut maintenant lire en postface de ses Trois pontes (P.O.L, 2008), qui sont la mise en application de la solution théorique.***
-
Je n'ai pas l'intention pour l'instant de donner à Ha¨ku un contenu.**** Je considère cependant comme un luxe qu'après presque dix années d'existence le livre potentiel titré Haïkus pour mémoire vienne de se trouver un nouveau nom illustrant pour le mieux l'usure, le manque, la perte irrémédiable subis par la mémoire : Ha¨ku. On peut aussi voir là le comble de la fumisterie.
-
addenda : je tape "haku" sur google et découvre que cela signifie blanc en japonais.
--
* En y réfléchissant, je crois tout de même me souvenir de quelque chose, mais ça reste vague.
** Je laisse de côté d'autres prononciations de ku.
*** Le travail de JJ est toutefois bien plus complexe car il doit tenir compte du patron narratif qu'est le texte de Flaubert et y "voir" la structure d'un sonnet !
**** Mais qui sait ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire