Dans Môyenageû, je concentre mon attention sur trois formes fixes – rondel, triolet et villanelle – et pour chacune je fournis un exemple tiré de mon livre Opéras-minute. Si je poursuis sur la lancée, il me faudrait pour Re- logiquement choisir une forme parmi ces trois.
Oui mais… Plus ça va, plus je les tourne et retourne entre mes doigts*, et moins j'ai envie de faire un choix. Aucune ne se détache des autres. Ex-æquo parfait. Alors pourquoi trancher ?
Si je décide cependant de conserver les trois, un compte ne va plus. 44 divisé par 3 ne fait pas un nombre entier. Or, si égalité il y a, il faut qu'elle existe aussi dans la quantité de poèmes réglés par chacune.
La solution me paraîtrait être donc d'ajouter une quatrième forme fixe – chaque forme ayant ainsi ses 11 poèmes (cf. Dites 33) –, mais laquelle ?
Lors de mon inventaire dans la Forêt de formes, j'ai peut-être écarté trop vite celle-ci : la ballade. Qui n'est pas si longue qu'elle ne pourrait pas tenir sur une page. Et qui connaît elle aussi le retour de vers.
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vite. l'absence de décor.(frontière : arête du nez)seule la présence du corpsen ce creux. prenez voix tenezferme la rampe oh entonnezl'hymne ici bas. this wall of shame.et n'oubliez pas ce qui compte.-oui demain pour un autre sorten la lumière malmenez.hantez les sacs le moindre port.faites le tour. appartenez.là d'un simple geste apprenezcette danse sin verguenza.et n'oubliez pas ce qui compte.-maintenant. confondez la mort.dites bonjour. dodelinez.faites bien semblant d'avoir tort.à l'heure du thé obtenezmille excuses. allez. prenezl'air mais pas trop. n'ayez point honte.et n'oubliez pas ce qui compte.
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Ce poème, comme les trois autres, est tiré d'Opéras-minute.
À les observer tous les quatre, transparaît un air de famille (plus ou moins) évident. Mais, surtout, j'aime que leurs tailles soient toutes différentes :
8 vers (2+2+4) pour le triolet, 13 (4+4+5) pour le rondel, 19 (3+3+3+3+3+4) pour la villanelle et 21 (7+7+7) pour la ballade.
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Il y a du pour et du contre : on reste certes dans les formes moyenâgeuses mais on a quatre fois moins de place pour explorer une forme ; on gagne en variété mais on perd en "variations"…
Cela dit si je voulais éviter que ce soit le "livre d'une forme", je ne pourrais pas mieux m'y prendre.
Et utiliser quatre formes au lieu d'une ouvre sur de nouvelles questions de structure : enchaîner 11 par 11 les 4 formes ou bien les faire permuter selon un principe de n-ine (ou autres) ?
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Je vais laisser reposer tout ça et on verra bien.
- Frédéric Forte
* J'aime bien imaginer les poèmes, les formes poétiques comme des objets. Conceptuels certes, mais objets tout de même, en 3 dimensions, préhensibles.
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