J'ai déjà parlé dans S, U, M, O de mon amour pour cet art. Je ne serais pas complet sur la question si j'omettais de dire que cet amour repose aussi sur un plaisir de la langue.
Même si l'on ne parle pas le Japonais, ce qui est mon cas, il est difficile de résister au véritable feu d'artifices onomastique déployé dans le banzuke – c'est-à-dire le tableau de classement des lutteurs de sumô – qui est à la fois un objet formel, utile au déroulement de la compétition, mais aussi un objet de langue, où les noms des lutteurs sont calligraphiés en tailles différentes selon l'importance de chacun*. Un objet graphique donc, qui est bien plus qu'un outil de classement.
Aussi, lorsque j'ai commencé à écrire les quarante portraits qui composent Banzuke, le choix du titre était déjà tout désigné. Et, de même, les titres des différentes parties du livre renvoient aux divers "rangs" des lutteurs (yokozuna, ôseki, sekiwake, komosubi, maegashira) comme les titres des poèmes sont les noms de quelques-uns d'entre eux.**
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Cela dit, si je me penche sur Glossaire des mémoires d'un lutteur de sumô – qui est le texte faisant suite dans le livre à la partie Banzuke proprement dite –, je constate avec amusement qu'il repose sur le principe suivant : transformer tous les mots d'un glossaire*** en noms propres. Mon ignorance du Japonais associée à ma fascination pour les noms de lutteurs m'ont amener à en produire de manière automatique à partir de termes pris dans le "champ" du sumô.
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Ce qui peut se traduire par : "quand il lit du japonais, il voit des sumô partout."
-Frédéric Forte
* J'allais écrire "le poids", mais cela aurait pu prêter à confusion.
** Savoir qu'un lutteur ne combat pas sous son véritable patronyme mais sous un pseudonyme permet de mesurer l'importance de la "nomination" dans le sumô.
*** En l'occurence, le glossaire du livre Mémoires d'un lutteur de sumô donc.
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