Petit retour en arrière. Vous vous souvenez peut-être que j'avais oublié / réparé quatre titres de livre que j'avais donc intégrés ultérieurement à ma longue liste de titres. C'est bien beau de le dire mais encore faut-il le mettre en application. Et je viens de m'apercevoir que le titre Commande aurait déjà dû être traité depuis plusieurs jours – entre Homme-hélicoptère et Megérkeztünk, un mot hongrois.
L'oubli aurait été d'autant plus que regretable que Commande est en quelque sorte un ancêtre de Re-.
Je ne m'étendrai pas sur le titre en lui-même, qui joue de ses ambiguïtés sémantique et grammaticale, mais sur la teneur du projet, oui.
J'avais dans la tête d'écrire un livre de poésie dont je n'écrirais pas le moindre poème. Mon travail aurait consisté* à écrire un cahier des charges le plus complet possible, un mode d'emploi décrivant en détail la manière de composer certain poème à partir d'une forme fixe de mon invention. Toute la difficulté telle que je la concevais était de créer une forme réellement identifiable, précisément définie, tout en permettant à un poète, pas forcément formaliste d'ailleurs, de se l'approprier intimement, de la travailler "de l'intérieur".** J'aurais proposé le cahier des charges à des poètes de tous horizons, pratiquant aussi bien les vers métré ou libre que la prose.
J'aurais eu ensuite la dernière main sur la construction du livre : le choix des poèmes, leur ordonnancement… Une vraie "anthologie spontanée" dont le cahier des charges aurait en quelque sorte constitué la préface.
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Et il est vrai qu'idéalement j'envisage(ais) Re- comme une projet collaboratif poète <=> public, les commentaires à mes messages, les discussions de Comptoir, venant éventuellement orienter, infléchir, guider mes efforts ; l'écriture des textes proprement dite, si de ma main, reposant toutefois sur ces échanges.
Mais, de fait, les commentaires sont rares – même si quelques-uns ont déjà participé grandement à ma réflexion***. Je ne considère toutefois pas cela comme un "échec" car j'ai pu constater, grâce à quelques rencontres en chair et en os et aux outils statistiques mis à la disposition des bloggers, que ce journal de bord à un lectorat, modeste certes, mais fidèle et régulier.
Cette certitude**** d'être lu au jour le jour influe forcément sur mon travail ; une sorte de monologue dialogué où les interlocuteurs, pour être le plus souvent muets n'en demeurent pas moins pour moi des acteurs vivants, moteurs dans le temps de l'écriture, ce qui n'est pas si fréquent.
-Frédéric Forte
* On remarquera que j'emploie le futur antérieur… On ne peut pas tout faire.
** Ce que fait tout poète avec une forme classique.
*** Récemment, un sur Elena Addomine concernant les 72 variations sur une recette de tiramisu, auquel je compte donner suite.
****Nuançons : cette impression. Après tout, on peut très bien aller sur une page sans la lire vraiment.
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